
Joueuse, elle lança fort un pain à travers l'allée en visant Clarisse, au moment même où une petite dame s'y avançait. Le temps s'arrêta, tourna sur lui même, sur les visages déconfits de l'assistance, revint sur la dame agée et repris. Et là, surprise! La dame saisit le pain au vol, et elle rit de bon coeur, rit avec cette folle jeunesse, rit de sa propre agilité. Le supermarché résonnait de joie.
Cette joie accompagna la petite équipée sur le chemin du retour au domicile. Gabrielle en franchissant le seuil, déclara « c'est l'heure de la Mer! ». Dorothée l'ouit et posa son livre en se disant que c'était le moment, il fallait affronter l'océan froid de Septembre.
Elles avaient toutes leur maillot de bain au lieu des dessous, en prévision inesperée de plages de sable chaud. Mélisande esquiva le face à face à la mer : elle devait d'abord montrer les lieux à Roger. Aussi c'est à trois qu'elles ouvrirent la porte du jardin, longèrent le chemin de randonnée appuyé sur les rochers, et descendirent des escaliers sculptés dans la pierre.
La marée était haute : pas de plage. Cela leur convint, elles se déshabillèrent pour offrir leurs corps dénudés au Soleil de l'après midi et s'étendirent sur la pierre. Seulement, Gabrielle n'était pas venue pour lézarder sous les rayons de chaleur; elle était venue montrer le tempérament de la Loire Atlantique; elle entra dans l'eau, frémit, avança, plongea. Clarisse la suivit, Dorothée de son mirador en surplomb guidait leur chemin à travers les roches. « Elle est bonne, elle est bonne! Tu devrais venir, c'est un délice. » A n'en pas douter les deux nageuses se plaisaient dans leur eau claire, à n'en pas douter également la fainéante se réjouissait de ne pas les suivre.
L'exploit accomplit, elles s'en vinrent à la maison pour entamer les préparatifs de célébration du séjour, qui ne faisait que commencer.
(à suivre)
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