samedi 22 mai 2010

La pétanque expliquée aux étrangers.

En ce début de semaine, j'étais au Luxembourg.
Des gens m'y ont soudainement fait part de leur incompréhension pour la pétanque, que j'ai naturellement instantanément glorifiée, en représentante responsable de ma mère-patrie.
Mais aussi parce que j'aime la pétanque.

Voici une image de Luxembourg. On y voit : un bâtiment ultra moderne, un lampadaire, un avion, des fortifications et une maison peinte en rouge :

Bon alors on m'a dit "La pétanque, ça me dépasse... Comme sport, je préfère le foot, je préfère me dépenser physiquement"
Je fus saisie en comprenant la pétanque de la manière de mon interlocuteur : un ennui, une aberration frustrante, et me suis posée quelques questions.
La pétanque est-elle même un sport ? Ne serait-elle pas plus proche d'une activité telle que les échecs ou les petits chevaux ?

Puis, je suis montée sur mes grands quadrupèdes pour une ode aux boules telle qu'on ne peut la scander qu'exilée dans une contrée étrangère.

Jeune homme, tu joueras à nouveau à la pétanque en saisissant son essence même. Quand on joue à la pétanque, on ne le fait pas pour se distraire, on ne le fait pas pour gagner. On le fait pour prendre du temps, et le savourer. Geniessen.
Quand on joue, on attends parfois très longtemps qu'un autre bouliste se décide à tirer ou à pointer.
Et on patiente.
Il finira bien par la lancer de toute manière.
On attend, et on se ressert un verre. Un apéritif, quelque chose qui se déguste. Les glaçons ont tous déjà fondu d'ailleurs.

Et après c'est ton tour de jouer. Tu vises le cochonnet, mais le plaisir de l'atteindre est superflu. Ce qui compte c'est la beauté du geste. Car après tout, tu à beau avoir calculé le terrain, le risque de percuter les boules amies, et la force du vent, il pourra toujours y avoir un caillou sur le point de chute qui enverra paître ta boule jusqu'à la rivière en bas de la pente. D'ailleurs, la descente qui t'éloigne de la cible se fera nonchalamment. Les boules sont si indolentes qu'elles en deviennent insolentes de lenteur.
A la fin peut importe qui a gagné ou qui a perdu. C'est juste un prétexte pour savoir qui retourne chercher des glaçons et qui repaie une nouvelle tournée.